Cultiver du riz en France. L’idée peut paraître étrange de prime abord et pourtant la riziculture est pratiquée depuis fort longtemps dans l’hexagone, principalement en Camargue. Le riz de Camargue est la principale activité économique agricole de la région et joue un rôle primordial dans la préservation de l’écosystème camarguais.
Le riz de Camargue : une histoire ancienne
Le riz est arrivé en France au XIIIe siècle et sa culture commence au cours du XIVe siècle en Provence mais c’est au XVIe siècle qu’elle va s’étendre sous l’impulsion d’Henri IV qui ordonne la création de rizières en Camargue.
Pendant longtemps, la production reste limitée et il faut attendre le XIXe siècle et l’apport d’eau douce, grâce à l’endiguement du Rhône, pour que la culture du riz commence à se développer.
La riziculture sert alors principalement à dessaler les terres, à préparer le sol pour d’autres cultures comme la vigne, à compléter l’alimentation des bêtes mais aussi à réguler les crues du fleuve.
Pendant la Seconde Guerre mondiale, pour faire face à une éventuelle pénurie alimentaire, le gouvernement de Vichy envoie des centaines de travailleurs indochinois dans les rizières camarguaises pour augmenter la production.
Mais c’est après 1945 que la riziculture en Camargue va véritablement prendre son envol grâce au plan Marshall. Il va permettre de grands travaux hydrauliques et l’achat d’équipements indispensables à une culture du riz intensive.
Les surfaces augmentent rapidement et passent de 400 hectares en 1944 à 3000 hectares en 1945 puis 30 000 hectares dans les années 1960.
Au cours des décennies suivantes, la taille des parcelles cultivées va connaître de grandes variations au gré de crises économiques et de la demande pour atteindre 12 000 hectares en 2014.
Production et impact du riz sur l’écosystème
En Camargue, 160 riziculteurs produisent environ 70.000 tonnes de riz par an. Ce qui représente 15% de la consommation nationale. A titre de comparaison, la production de riz dans le monde s’élève à environ 500 millions de tonnes et à 2,5 millions de tonnes au niveau européen.
Même si la production du riz de Camargue et les surfaces cultivées ont cependant fortement diminuées depuis quelques années (120.000 tonnes par an et 20.000 hectares en 2010), la riziculture est une activité économique locale de première importance pour la région du delta du Rhône et fait vivre directement et indirectement 2000 personnes.
Au delà de la production agricole, les rizières permettent également de maintenir le fragile écosystème camarguais en limitant la salinité de la terre et en régulant le débit du Rhône lors des crues.
Types de riz camarguais
Plusieurs variétés sont cultivées (medium, demi-long, long, très long, rond). Les riz camarguais peuvent être de différentes couleurs (blanc, rouge, brun, noir) en fonction du traitement qu’ils ont subi après la récolte. Les riz de couleur (complet ou semi-complet) sont ceux qui ont gardé leur enveloppe en totalité ou en partie.
Le riz de Camargue bénéficie d’une indication géographique protégée (IGP) depuis 2000 qui garantit sa provenance et dont 5% de la surface cultivée est dédié à l’agriculture biologique.
Une curiosité : le vin de riz camarguais
Connaissez-vous le vin de riz ?
Il s’agit d’un vin jaune d’origine chinoise dont la recette est plusieurs fois millénaire et qui est élaboré à partir de riz fermenté.
Un viticulteur d’origine bordelaise s’est lancé dans la production de vin de riz en Camargue en adaptant le procédé de fabrication avec des méthodes de vinification françaises.
L’idée, un peu folle, lui est venue lors d’un voyage avec son épouse chinoise dans l’empire du milieu où il découvre ce breuvage ancestral.
Le résultat donnera un vin appelé Guishu, qui signifie “olivier de Chine” en chinois. Le Guishu se décline en trois vins différents : sec, demi-sec et demi-doux.
Sa production (36.000 bouteilles par an) reste pour l’instant confidentielle et est réservée à quelques initiés.
Voyage+
- Site officiel des producteurs de riz camarguais
- Riziculture de Camargue, Wikipédia
- Le riz de Camargue est-il en voie de disparition ? France info TV