A23, c’est le nom de code d’un iceberg qui fait la une des médias près de 40 ans après sa découverte.
Observons de plus près le phénomène naturel de ces géants de glace en provenance de l’Antarctique avec un zoom particulier sur la dérive océanique de l’A23a.

iceberg a23

Histoire de l’iceberg A23

Difficile d’échapper à l’île de glace nommée A23a dont la grandeur n’a d’égale que la présence médiatique, et pour cause : avec ses 4 000 km² et plus de 400 mètres d’épaisseur, elle fait la taille de 20 fois Paris intra-muros, 2 fois le Grand Londres ou 3 fois New-York, de quoi impressionner !

En janvier dernier, l’entreprise Eyos a organisé une expédition à proximité de l’iceberg. Plusieurs heures de navigation ont été nécessaires pour dépasser A23a, donnant lieu à de superbes images réalisées par Richard Sydney :

L’histoire de l’iceberg A23 commence en 1986, où il se détache de la plateforme de glace de Filchner-Ronne dans la mer de Weddell, au sud des îles Shetland et de l’océan Austral.

Après une quarantaine d’années accroché à la côte glacière, l’iceberg se détache, devient A23a et entre en mouvement en 2020. Entraîné par les vents et courants, il dérive depuis le long de la péninsule Antarctique vers l’Atlantique sud. La fonte qui accompagne son voyage est un phénomène naturel, qui libère notamment des nutriments issus de la poussière des roches conservées par la glace.

Ces géants de glace, qui se détachent des immenses plates-formes de glace, jouent un rôle crucial dans l’équilibre environnemental et climatique mondial. Leur dérive à travers les océans offre un aperçu unique des dynamiques terrestres.

2020, l’iceberg A23a se détache / Copernic Sentinel 1

Bienvenue en Antarctique

Et pour aller à la source de l’iceberg A23 et de tous les autres en hémisphère sud, voici quelques rappels géographiques à propos du pôle de l’Antarctique :

  • Une superficie de 14 millions de km2, soit une fois et demi l’Europe, qui s’étend à 30 millions de km2 en hiver lors de l’extension de la banquise
  • C’est la 1ère réserve d’eau douce du monde, aucun habitant permanent n’y vit (hors base d’exploration)
  • 98% du continent est couvert de glace et ce jusqu’à 4 kilomètres d’épaisseur
  • La température est de moins 20 degrés au plus chaud, moins 60 degrés le reste de l’année ( record à -87°)

L’un des problèmes majeurs pour l’écosystème de ce continent, jusque-là protégé, est le tourisme.
En 2020, sont comptabilisés 74 000 touristes de croisière contre seulement 3 000 touristes en 1990, souvent accompagnés de drones, d’hélicoptères, de débarquement dans les espaces sauvages ainsi que de risques croissants de pollutions et de naufrages.

Pour une synthèse en 3 minutes, géographie et histoire de ce continent expliquées en vidéo et en cartes :

Antarctique : banquises et convoitises / Le dessous des cartes*

Formation et détachement d’un iceberg

Un iceberg c’est quoi exactement en quelques mots ?

Bloc de glace d’eau douce, détaché du front des glaciers polaires ou d’une barrière flottante et qui dérive sur la mer en fondant peu à peu. Les ice-bergs ont souvent des dimensions prodigieuses.

Tout commence par l’accumulation de neige. Dans les régions polaires, la neige qui tombe année après année s’entasse et se compacte sous son propre poids, se transformant progressivement en glace. Ce processus, qui peut s’étendre sur des centaines, voire des milliers d’années, donne naissance à ce que l’on appelle les calottes glaciaires ou les glaciers. Ces masses de glace, par leur mouvement lent mais inéluctable vers les côtes, sont les protagonistes de la première étape de la vie d’un iceberg.

Lorsque le front d’un glacier atteint la mer, la dynamique change. Sous l’effet de la gravité, de la pression, des variations climatiques et du mouvement constant de la glace, des fissures commencent à apparaître. Ces fissures, ou crevasses, peuvent s’élargir progressivement jusqu’à former une brèche complète dans la glace.

C’est dans ce contexte que se produit le phénomène de vêlage* : un bloc de glace se détache du glacier et entame sa vie en tant qu’iceberg. Ce processus est influencé par divers facteurs, notamment la température de l’eau, les marées et les flux marins.

Une fois détaché, l’iceberg entame un voyage incertain. Propulsés par les courants océaniques et poussés par les vents, ces colosses de glace dérivent à travers les mers. Leur itinéraire, souvent imprévisible, est dicté par les aléas des éléments et les particularités des flux maritimes suivis.

Au cours de leur périple, les icebergs subissent l’érosion, causée par les vagues, la pluie, et surtout, la température croissante de l’eau et de l’air. Ce processus de fonte façonne et réduit progressivement leur taille jusqu’à leur disparition finale.

Leur trajectoire peut avoir un impact significatif sur l’écosystème global et local, affectant la circulation de l’eau, la vie marine voire même terrestre en cas d’échouage côtier.

Pour résumer, les icebergs de l’Antarctique naissent dans un processus naturel de vêlage*, où des morceaux de glace se détachent des plates-formes glaciaires avant de dériver sur les mers et océans. Ce processus naturel est influencé par divers facteurs environnementaux et climatiques.

Iceberg en quelques mots ?

Bloc de glace d’eau douce, détaché du front des glaciers polaires ou d’une barrière flottante et qui dérive sur la mer en fondant peu à peu. Les ice-bergs ont souvent des dimensions prodigieuses.

CNTRL
A23a, fin 2023, au large de l’île de Joinville / Sentinel 1

L’iceberg A23a en 2024

Après son détachement complet de la plateforme de glace de Filchner-Ronne* et le début de son périple dans la mer de Weddell, il longe la péninsule Antarctique dans l’allée des icebergs. Cap vers l’Atlantique sud, la Géorgie du sud et les îles Sandwich, au grand large de l’Argentine.

45 ans de voyage pour l’iceberg A23

Au 30 janvier 2024, l’iceberg A23a était localisé, grâce aux données du satellite Sentinel-3*, juste à la pointe nord-ouest de l’île Clarence dans l’archipel des Shetland du Sud.

Comme une grande partie des icebergs de l’Antarctique, il suit le courant de dérive Est qui pousse vers le passage du Drake, avant d’être emporté par le courant circumpolaire vers l’ouest, au gré des influences des vents et tempêtes.

A23a au 30.01.2024 / sentinelle Hub

Cartes et ressources

Quelques cartes et liens pour compléter la découverte de l’A23a et des icebergs dans l’Antarctique.

Carte de la mer de Weddell

Centrée sur la mer de Weddell qui borde la Péninsule Antarctique et la barrière de Vhasel, voici la carte interactive en image satellite :

Carte de localisation des icebergs

Où sont les icebergs en Antarctique ?
Voici une carte de localisation au 2 février 2024, réalisé à partir des sources de l’US National Ice Center (UNCI*) :

Carte, mode d’emploi

A noter que l’unité de mesure sur la carte ci-dessus et le nautical mile (NM) ou mille marin en français. Cette unité correspond à 1 852 mètres ou 1,852 km pour 1 NM.
Par exemple, pour l’iceberg A23, à la date du 2 février, ses dimensions sont de 40 NM de longueur et 32 de largeur, soit 74,08 kilomètres sur 59,26 km après plusieurs semaines de dérive et de fonte dans l’océan !

Podcast de l’iceberg A23

Pour compléter en audio et en radio, voici une chronique d’Heïdi Sevestre qui évoque le suivi des éclats de banquise en Antarctique, les impacts de ces flux de glace et la dérive de l’iceberg A23a :

Antarctique : un iceberg monstrueux à la dérive, Radio France

Voyage+

  • Le vêlage ou ice calving process , Wikipédia
  • A23 : iceberg droit devant, Camille Crosnier
  • Arches et grottes de l’A23a, BBC
  • Antarctique, le dessous des cartes, ARTE
  • Mer de Weddel, Wikipédia
  • Carte satellite pour le suivi de l’A23, EO
  • UNCI, site officiel