Exploration, aventure et découverte sur les chemins noirs : tels sont les mots qui qualifient le voyage de Pierre à travers la France, le film Denis Imbert librement adapté du livre de Sylvain Tesson.

Simple reportage touristique pour les uns, film buissonnier d’un homme qui se plait à disparaître dans la géographie pour d’autres, le film éponyme du récit d’un écrivain fracturé est dans tous les cas un splendide voyage via la diagonale du vide française.

Départ dans le Mercantour

Les profondeurs des chemins noirs

Parti à pied à travers la France des chemins noirs, ces lignes qui représentent les sentiers sur les cartes de randonnée IGN , l’écrivain Sylvain Tesson nous offre un récit captivant et très personnel sur sa rencontre avec la nature et les hommes après un accident.

Le réalisateur Denis Imbert, avec Jean Dujardin dans le rôle de Pierre, propose une adaptation cinématographique qui vous emporte au gré des sentiers de France, du Mercantour à la baie du Mont Saint-Michel.

Suivre sur les chemins de traverse un homme qui se relève et se révèle au fur et à mesure de ses pas. Prendre le temps de s’arrêter au fil des paysages magnifiques et des rencontres hasardeuses. Livre et film invitent les lecteurs et les cinéphiles à découvrir la beauté cachée des chemins noirs, à partir à l’aventure à côté de chez soi.

Le voyage de Sylvain et Pierre sur les chemins noirs de France

C’est donc l’histoire d’un long périple de plus de 1 000 kilomètres en marchant à travers la France. Mais pas n’importe où. L’auteur, géographe de formation, a fait le choix d’une ligne imaginaire, qui traverse le pays, dans les contrées les moins peuplées de l’hexagone, à la source d’une part de l’identité française, aux racines de nombreuses familles aujourd’hui urbaines.

Entre pensée solitaire, contemplation paysagère et conversations brèves ou plus profondes avec les gens qu’il rencontre, l’auteur nous offre ses réflexions sur la nature, le paysage, l’histoire et le devenir contemporain de la France.

Reflet de son expérience personnelle du voyage, il partage aussi les choses apprises tout au long de sa route pédestre, les difficultés rencontrées face à lui même, avec un corps meurtri qui se recompose et la manière dont ses perceptions évoluent au gré de son périple, en marchant, tout simplement.

Un homme sur les chemins noirs

Avec ce titre comme un paradoxe, les chemins noirs des cartes de randonnée qui sont sans aucun doute les plus beaux pour un marcheur, l’auteur nous invite à dépasser nos croyances, nos certitudes, notre confort relatif.

Lorsqu’il se met en marche, Pierre porte toutes ses affaires dans un sac à dos, tel l’escargot qui ne recule jamais et sa coquille, avec comme seul aidant deux bâtons de randonnée pour le supporter.

Son objectif est à la fois simple et ambitieux, traverser la France d’un bout à l’autre, des Alpes qui plongent dans la Méditerranée jusqu’à la baie ouverte sur la Manche.

Il découvre alors les chemins perdus d’une France exclue de la modernité galopante, vivant au rythme de ceux qui sont restés ou se sont installés dans ces territoires à l’écart. Il croise des personnes passionnantes qui enrichissent sa réflexion et son récit, contribuent à ses interrogations sur la nature, le temps, le pays et les hommes.

Des rencontres au milieu de nulle part

Au fur et à mesure de son voyage, chaque rencontre semble avoir une signification particulière et donne lieu à des anecdotes ou des histoires singulières.

Le temps d’un échange ou pour quelques jours, simple distraction, occasion de discussion ou amitié naissante, chaque personnage façonne le cheminement de notre marcheur.

Ce film nous raconte l’importance de chaque rencontre, la richesse qu’elle apporte, le savoir transmis sur le pays traversé, sur l’histoire d’une famille et par écho de l’humanité ou comment contribuer à modifier sa vision du monde en chemin.

Les chemins noirs en randonnée

L’histoire d’une chute et d’une marche

En 2014, Sylvain Tesson eu un grave accident en escaladant la façade du chalet de son ami Jean-Christophe Rufin en Savoie. Il tomba et se fractura quatre côtes et une vertèbre.

Une activité somme toute innocente s’est révélée lui être presque fatale avec des conséquences physiques longues et douloureuses.

C’est de cet événement fracassant, comme une épreuve difficile à affronter, qu’est né ce récit, source aussi d’un sens plus profond donné à la quête permanente d’une vie.

Lorsqu’il relate ce récit dans son livre, il le voit comme une occasion inestimable de croissance personnelle, car il s’en est sorti plus fort. Ainsi, la chute devient une image symbolique pour lui puisque c’est à partir d’elle qu’il se relève.

La réaction et le voyage

Après cette chute, l’auteur prend du temps pour réfléchir et comprendre ce que cette expérience signifie pour lui. Cette confrontation avec la mort le conduit à réfléchir aux aspects transcendants de la vie dont on ne parle pas souvent, et notamment le rôle joué par les autres dans notre existence.

Il prend alors conscience que ce qui compte le plus est d’apprécier chaque instant présent et de tenter d’amasser autant que possible des souvenirs heureux, du plus bref au plus impromptu à travers un voyage initiatique.

Du livre au film Sur les chemins noirs

Récit autobiographique de Sylvain Tesson, Sur les chemins noirs fût publié en 2016. C’est en 2023 que le réalisateur Denis Imbert l’adapte au cinéma, avec Jean Dujardin comme acteur principal dans le rôle de l’écrivain.

Bien que différente, la version cinématographique maintient l’esprit du récit original tout en apportant un point de vue et une trame spécifique de l’oeuvre originale. La fidélité du film par rapport au livre est certainement plus géographique, avec de nombreuses scènes tournées sur les lieux mêmes du voyage initial de Sylvain Tesson.

Parmi ces lieux d’histoire et de tournage, les gorges de l’Ardèche avec un passage sous la magnifique arche naturelle du pont d’Arc, accompagné d’un jeune acolyte pour un temps de marche partagé avec une pause à la grotte de la Madeleine*.

Au pont d'Arc en Ardèche

Bande-annonce

Cartographie d’une vie

A l’instar de l’auteur de Sur les chemins noirs, Pierre fait un usage constant des cartes dans le film et s’efforce toujours de suivre le chemin qu’il trace sur elles. Pour lui, la cartographie est un moyen de s’orienter mais aussi une manière de se retrouver soi-même à travers le trajet que l’on suit.

Outil par excellence de son orientation dans un espace inconnu, la carte offre aussi un symbolisme intime qui résonne profondément avec la toponymie des territoires traversés et l’histoire personnelle de l’écrivain.

Cette utilisation symbolique est amplifiée par le fait que cette carte reflète le trajet à la fois physique et mental effectué par le personnage principal durant son voyage. Bien plus qu’un simple outil pratique pour se repérer : elle devient une métaphore visuelle du cheminement géographique à travers la France et spirituel vers soi-même.

Un voyage unique et hors du temps à la rencontre de l’hyper-ruralité, de la beauté de la France et de la renaissance de soi

Les chemins noirs : arrivée au Mont Saint-Michel

Sur les chemins noirs en livre

Broché, au format poche ou le livre dont le titre a inspiré Sylvain Tesson :

Carte des chemins noirs

Et pour suivre le tracé de notre marcheur, voici une carte sur les chemins noirs de son possible parcours, extrait de la carte IGN en ligne inspirée du film :

Carte, mode d’emploi

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